vendredi 4 février 2011

Coup de colère : la mission d'accueil des crèches municipales mise à mal

J'interromps ma "pause", car cette actualité me semble importante et, dans le bruit ambiant, elle risque de passer inaperçue... Certes, si vous n'êtes pas "parent" ou si vous avez un autre moyen de garde pour vos enfants, vous risquez de passer votre chemin, mais prenez un instant pour mesurer l'enjeu de ce qui est en train de se passer.

La Mairie de Paris fait la sourde oreille aux interrogations des responsables de crèche et leur impose de faire toujours plus d'administratif. Ca veut dire quoi ? En clair, désormais, avant de s'occuper de leur mission d'accueil et de "bien-traitance" dans l'accueil quotidien des enfants, les responsables des crèches et leurs adjointes doivent prendre en charge tout l'administratif, notamment la responsabilité originelle du staff administratif de la Mairie : pointer les règlements, aller voir sur CafPro les déclarations, etc. Pour transmettre un état validé à la Mairie de Paris... sachant qu'il y a une équipe qui refait les mêmes manipulations derrière. Il faut dire que c'est aussi ce qu'elles demandent aux directeurs d'établissements scolaires, qui croulent sous la paperasse avant de s'occuper de leur mission d'accueil et d'accompagnement des enfants et des parents.

Personnellement, en tant que parent, si j'ai voulu que mes enfants aient une place en crèche, c'est parce qu'il y a une charte d'accueil, un projet pédagogique, l'éveil à la communauté et une mission de "bien-traitance"qui garantit que nos enfants sont bien accueillis, bien traités, ce qu'on ne peut contrôler quand ils sont confiés à des assistantes maternelles seules chez elles. Certes, la PMI passe une fois de temps en temps, en prévenant avant. Mais est-ce suffisant ? La plupart des assistantes maternelles sont très bien et font bien leur travail. Mais pas toutes, malheureusement, surtout dans des arrondissements où il y a beaucoup de familles avec jeunes enfants, ce qui crée un manque de moyens de garde, voire une pénurie et donc l'attirance de personnes qui font ce métier pour gagner leur vie avant que ce soit une mission "pédagogique". J'ai dans les oreilles des histoires un peu catastrophiques et un peu tristes. C'était donc la raison majeure pour choisir une crèche.

Les "décideurs" se rendent-ils compte que ceux qui choisissaient ce métier par conviction vont sans douter aller voir ailleurs ? Les "décideurs" se rendent-ils compte que, comme dans beaucoup d'autres lieux, ce qui va arriver, c'est la démotivation des personnes les plus motivées et qui font leur métier avec passion, conviction et professionnalisme ? Les "décideurs" savent-ils qu'une personne motivée travaille beaucoup mieux (beaucoup plus aussi ?) qu'une personne qui ne l'est pas ? Les personnes qui travaillent et à qui nous confions nos enfants une bonne partie de la journée, de la semaine, de l'année, sont-elles des êtres humains ou juste des lignes dans des postes budgétaires, des "anonymes" qui ne méritent même pas un regard de considération ? Je ne travaille ni dans une crèche, ni dans une école. Je suis juste une maman médusée par ce qui arrive.

Je sais que ce billet est polémique. Mais quand je vois la dégradation des moyens réels (vous l'aurez compris, j'ai des enfants scolarisés ou en crèche, je parle donc a priori en connaissance de cause), je ne peux que m'alarmer. Pourquoi la Mairie de Paris coupe-t-elle les moyens aux directeurs d'école et aux directrices de crèche de remplir leur premier rôle, qui est l'accueil des enfants et de leur parents, la bien-traitance des enfants qui leur sont confiés dans la journée et donc quelque part la "surveillance" et la validation que les choses se passent a priori bien pour les enfants et choisit-elle de les noyer sous une tonne de paperasse qui désormais occupe plus de la moitié de leur temps ?

Je ne comprends pas que personne ne saisisse les enjeux éducatifs derrière. L'an dernier, c'étaient les assistantes maternelles de crèche qui tentaient de faire entendre leur voix. Petite voix de femmes pas du tout agressive. He bien c'est passé à la trappe et désormais, plus la peine de suivre une formation (ou du moins la formation est moins exigeante) pour travailler en crèche. Pourquoi pas. Mais, pour être en cohérence avec une responsabilité citoyenne, ne faudrait-il pas alors, du coup,  renforcer le rôle des responsables de crèche et de leurs adjointes dans leur mission plutôt que le remettre en cause, le diminuer en les occupant à faire un métier qui n'est pas le leur et qui n'est certainement pas la raison pour laquelle elles ont choisi de l'exercer ?

"On ne change pas une équipe qui gagne" : pourquoi vouloir réinventer la roue sans cesse, tous les 4 matins ? La formation du futur personnel devra se faire sur le terrain et les directrices de crèche auront encore plus de défis à relever, avec les personnes formées "à l'ancienne école". Quelle est cette aberration qui privilégie on-ne-sait-quoi au détriment de l'éducation ? Il s'agit de nos enfants qui sont la société de demain. Rappelons-le, "l'enfance est le sol sur lequel nous marcherons toute notre vie" (Lya Luft). Ont-ils si peu d'importance que personne ne s'en soucie à ce point ?


Pour en savoir plus :
- Les crèches manquent encore de personnel .
La Mairie de Paris privilégie l'administratif à la disponibilité, l'accueil et la "bien-traitance".

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